Les consignes de bouteilles en verre se multiplient. Trois nouvelles expérimentations  se mettent en place. Ce retour vers le passé serait-il une voie d’avenir ?

Que deviennent les bouteilles en verre vides ? Dans le meilleur des cas, elles sont jetées dans le bon container puis collectées, cassées, fondues dans un four à 1 500°C, transformées en pâte qui sera moulée, refroidie, pour donner… des bouteilles en verre en vides. On ne se compliquerait pas un peu la vie ? Certains envisagent l’économie circulaire autrement : ils privilégient le lavage au recyclage. Autrement dit, un système de consigne.

Strasbourg, Toulouse, Chabeuil…

Depuis déjà quelques années, des initiatives locales sont lancées. D’abord isolées, elles semblent se multiplier. En Alsace, le brasseur Meteor participe à une opération de relance de la consigne en proposant d’économiser 10 centimes par litre pour toute bouteille de bière consignée achetée. A Toulouse, sous l’impulsion de l’association Consign’ up et dans le cadre de Smart City Métropole, 19 magasins et 17 producteurs se sont engagés à tester ce système de récupération sur trois mois, et les commerçants y croient. L’un d’entre eux argumente : « Il y a des clients véritablement susceptibles d’acheter spécifiquement ces bouteilles là, parce qu’il y a du contenu derrière, de la valeur ajoutée et de l’engagement. »

Moins 79 % d’émissions de gaz à effet de serre

La commune de Chabeuil située à la périphérie de Valence s’apprête, elle, à installer un lave-vaisselle industriel pour soutenir un projet malicieusement baptisé Ma bouteille s’appelle reviens. Objectif : nettoyer et remettre dans le circuit jusqu’à 1,5 million de bouteilles et de pots en verre par an, d’ici à 4 ans. Ambitieux ! En tout cas, une trentaine de producteurs de jus de fruits, de brasseurs de bières et quelques viticulteurs sont d’ores et déjà prêts à s’impliquer. Locaverre, l’association qui porte le projet, a su plaider sa cause : « On consomme moins d’eau en lavant une bouteille qu’en en refaisant une neuve, 33% d’eau en moins. Et on évite 79 % d’émissions de gaz à effet de serre par rapport au recyclage. » Autre effet vertueux de cette initiative : elle permettra d’embaucher des personnes en insertion. A terme, 10 emplois seront nécessaires pour faire tourner l’activité.

Loop entre dans la boucle

Evidemment, le succès de ces expériences reste à confirmer. La consigne de mamie n’est pas forcément transposable telle quelle dans le monde d’aujourd’hui. Il faudra tenir compte du développement du e-commerce, concevoir d’autres emballages, implanter des consignes. Il faudrait aussi que la grande distribution, levier essentiel dans cette affaire, joue le jeu. Le lancement le 15 mai dernier de la plateforme Loop, dont Carrefour est partenaire, pourrait être de bon augure. Ce site d’e-commerce propose aux Franciliens des produits de grandes marques vendus dans des emballages consignés et réutilisables. Vingt-cinq multinationales dont Coca Cola et Nestlé sont partie prenante. La consigne qui appartenait au passé fait-elle partie de notre avenir ? Ca se pourrait.

 

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